jeudi 31 mars 2016

La Machine Infernale - Jean Cocteau

La Machine Infernale est une pièce de théâtre écrite par Jean Cocteau en 1934. Cette œuvre est une réécriture d'Oedipe Roi de Sophocle qui se veut plus drôle et poétique que la version originale.
Ce comique ce perçoit par une ridiculisation des passages et des personnages de l'oeuvre originale. Cet effet de ridicule  se traduit donc par quelques modifications. On peut relever l'ajout du surnom "zizi", utilisé par Jocaste pour désigner Tirésias. Cette relation a une importance clé dans le ridicule de la pièce puisqu'elle met en valeur les deux personnages dont les actes sont le plus détournés. Par exemple, bien que, durant toute la pièce Tirésias ne cesse de suivre Jocaste où qu'elle aille, il n'a aucune autorité sur elle contrairement à elle sur lui. Les déplacements sont donc ridiculisés également, puisque Tirésias manque d'étrangler la reine à plusieurs reprises en marchant sur son écharpe. Le ridicule passe à travers une lourde ironie dans les dialogues. On peut alors relever lors de la discussion entre Oedipe et la Sphynge l'exemple parfait. Lorsque le monstre évoque l'âge de Jocaste il dit :" elle pourrait être ta mère" ce à quoi Oedipe répond :" l'essentiel c'est qu'elle ne le soit pas ". Un autre dialogue le montre également, un dialogue entre Oedipe et Jocaste lors de la nuit de noce. Durant ce dialogue tout deux échangent des propos incohérents sans pour autant faire attention à ce que dit l'autre. Cette situation décrédibilise tant bien Oedipe que Jocaste puisque cela change l'image que l'on a d'eux. Les sentences sont également ridiculisées, par exemple on peut retenir une dispute qui éclate entre Tirésias et le roi. Alors que le ton monte, Tirésias punit Oedipe de cécité mais lui redonne la vue presque immédiatement. Cette action ferai presque passer Tirésisas pour un enfant jouant avec un interrupteur.
Cela étant dit, bien que fidèle en ce qui concerne les noms, cette réécriture modifie les traits de caractères des personnages, au point de les rendre complètement différents, voir contraire à ce qu'ils étaient dans l'oeuvre originale. Par exemple Oedipe montre un total désintérêt à son destin puisque la raison qui le pousse à quitter Corinthe lorsqu'il est plus jeune n'est pas la crainte qu'il éprouve pour ses parents mais uniquement sa soif de l'inconnu. Chez Jocaste, le changement est un petit peu plus subtil puisqu'il passe par l'implicite d'une répétition, l'obsession de la reine pour son âge. On peut alors penser qu'ici Jocaste voit en Oedipe le moyen de se sentir jeune et non pas son fils comme le voudrais le complexe d'oedipe de Freud. Dans cette version Jocaste est également tenue pour seule responsable de l'histoire de son fils, ce qui a pour conséquence d'effacer encore plus le personnage de Laius, qui n'est présent dans la pièce qu'en tant que fantôme. Ce changement de trait se retrouve également dans la Sphynge. En effet le personnage est ici une jeune fille et bien qu'elle soit sensée représentée le monstre sanglant qui garde les portes de Thèbes, elle montre dans sa première scène un dégoût de tuer. Cet effet est complété par le fait que cette jeune fille tombe amoureuse d'Oedipe, ce qui est complètement contraire à ce qu'elle doit représenter.
Dès le début de la pièce on nous introduit un personnage qui n'a rien à voir avec l'univers d'Oedipe, puisqu'il s'agit d'Anubis. Ce personnage est un ajout de Cocteau qui n'appartient même pas à la mythologie grecque, puisqu'il appartient à la mythologie égyptienne, dans laquelle il représente la divinité de la mort. Malgré le fait qu'il soit glauque, ce personnage est aussi détourné que tous les autres puisqu'il endosse le rôle de "patron" de la Sphynge. En effet les deux monstres sont comparés à deux travailleurs fatigués par leur journée de "travail", et discute d'un réaménagement de leurs heures pour que la sonnerie de la ville correspondent avec la fin de leur journée.
Aux yeux d'Aristote, Oedipe Roi est la tragédie parfaite qui instaure les codes de la tragédie. Alors est ce que cette réécriture humoristique de la pièce de Sophocle casse les codes pour autant ?
Et bien, oui et non, puisque cette pièce se trouve être drôle que lorsque l'on connait les références et les caractères originaux de la pièce. Il est donc plus simple de la voir comme une parodie, jouant des codes tragique afin de les transformer en comique, dans le but de rendre la pièce plus attirante que ce qu'elle ne pourrait paraître au premier regard.

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